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Revision as of 11:59, 20 February 2009 by Rosena (Talk | contribs)
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Mon premier cours à l’Université Libre d’Amsterdam brisa ma complaisance universitaire. Ce fut un choc culturel, un exercice de contrastes. Tout débuta au moment où notre professeur, le Dr G.C. Berkouwer, entra dans la salle. A son apparition, tous les étudiants se tinrent au garde-à-vous, jusqu'à ce qu’il ait monté les marches de l’estrade, ouvert son carnet de notes et silencieusement d’un signe de la tête, indiqué aux étudiants de s’asseoir. Il commença alors son cours et, dans un silence sacré, les étudiants écoutèrent attentivement et prirent des notes durant toute l’heure. Personne n’aurait osé interrompre ou distraire le maître en se permettant de lever la main. Tout le cours ne fut dominé que par une seule voix ; la voix que nous avions tous intérêt à écouter.


Lorsque le cours se termina, le professeur ferma son carnet de notes, descendit de l’estrade et quitta précipitamment la salle, non sans que les étudiants ne se soient de nouveau levés en son honneur. Il n’y avait aucun dialogue, aucune entrevue accordée aux étudiants, aucune discussion. Aucun étudiant ne parlait jamais au professeur, excepté durant les examens oraux organisés en privé.


Mon premier examen de ce genre fut un exercice de terreur. Je me rendis au domicile du professeur m’attendant à passer une rude épreuve. Mais, aussi rigoureux que fut l’examen, ce ne fut nullement un supplice. Le Dr Berkouwer fut chaleureux et aimable. De manière avunculaire, il m’interrogea sur ma famille. Il se montra très soucieux de mon bien-être et m’invita à lui poser des questions.


Dans un sens, cette expérience fut comme un avant goût du paradis. Bien sûr, le professeur Berkouwer était un mortel mais c’était un homme doté d’une intelligence titanesque et d’une connaissance encyclopédique. Je n’étais pas chez lui pour l’instruire ou débattre avec lui ; j’étais l’étudiant et lui le professeur. Il n’y avait pratiquement rien dans le domaine de la théologie qu’il puisse apprendre de moi. Et pourtant, il m’écoutait comme s’il pensait vraiment pouvoir apprendre quelque chose de moi. Il prenait mes réponses à ses questions subtiles, très au sérieux. J’étais comme un fils interrogé par un père affectueux.

Cet évènement est la meilleure analogie humaine que je peux suggérer pour répondre à la vieille question : « Si Dieu est souverain, pourquoi prier ? ». Toutefois, je dois admettre que cette analogie est fragile. Bien que Berkouwer me dominait de très loin au point de vue connaissance, sa connaissance était finie et limitée. Il n’était en aucun cas omniscient.


En revanche, lorsque je m’entretiens avec Dieu, je ne parle pas simplement à un Grand Professeur dans le Ciel. Je m’adresse à celui qui possède toute la connaissance, celui qui ne peut absolument rien apprendre de moi qu’il ne sache déjà. Il connait tout ce qu’il y a à connaître, y compris toutes mes pensées. Il sait ce que je vais dire avant que je ne le dise. Il sait ce qu’il va faire avant de le faire. Sa connaissance est absolue, car il est souverain. Sa connaissance est parfaite, immuable.


Bien que la Bible par moments boitille quelque peu avec le langage humain, exprimant l’idée que Dieu change d’avis, revient sur ses décisions ou se repent de ses plans, ceci nous rappelle que ce ne sont que des expressions humaines et que Dieu n’est pas un homme pour qu’il ait à se repentir. En lui n’existe aucune ombre de variation. Son conseil dure pour toujours. Il n’a pas de plan B. Les plans B sont des « plans d’urgence », et bien que Dieu connaisse toutes les éventualités, rien en Lui-même ne relève de l’éventualité.


Les gens se demandent : « Est-ce que la prière fait changer Dieu d’avis ? » Poser une telle question, c’est déjà y répondre. Quel genre de Dieu pourrait être influencé par mes prières ? Que pourraient faire mes prières pour Le pousser à changer Ses plans ? Serait-il possible que je fournisse à Dieu une quelconque information, sur quoique ce soit, qu’il ne possède déjà ? Ou bien, pourrais-je Le convaincre vers une voie plus excellente, de par ma sagesse supérieure ? Bien sûr, non. Je ne suis absolument pas qualifié pour être le mentor de Dieu ou son conseiller. Donc, la réponse est simplement que la prière ne fait pas changer Dieu d’avis.

Mais, supposons que nous posions la question de la relation entre la souveraineté de Dieu et nos prières d’une façon légèrement différente : « Est-ce que la prière change les choses ? ». Dans ce cas, la réponse est un grand « Oui ! » Les Ecritures disent que « la prière fervente du juste a une grande efficacité » (Jacques 5:16). Ce passage déclare que la prière est efficace. Ce n’est pas un exercice pieux futile. Ce qui est futile ne sert à rien. La prière, en revanche, est d’une grande efficacité. Ce qui est efficace n’est jamais futile.


En quoi la prière est-elle efficace ? Qu’est ce qu’elle change ? En premier lieu, la prière me change moi. Le but de la prière n’est pas de changer Dieu. Dieu ne change pas car il n’a pas besoin de changer. Mais moi, si. De même que les questions du Dr Berkouwer n’étaient pas pour son profit mais pour le mien, mon temps avec Dieu est pour mon édification, non la Sienne. La prière est un des grands privilèges qui nous a été accordés avec notre justification. Une conséquence de notre justification est que nous avons accès à Dieu. Nous avons été adoptés dans Sa famille et avons reçus le droit de l’appeler Père. Nous sommes encouragés à entrer dans Sa présence avec assurance (bien sûr, il y a une différence entre assurance et arrogance).


Mais la prière change aussi les choses. En pratique, nous disons que « la prière marche ». Ce qui est efficace est ce qui provoque ou produit des effets. En théologie, on distingue la causalité primaire de la causalité secondaire. La causalité primaire est la principale source à l’origine de toutes les causes. Lorsque la Bible nous dit que « en lui nous avons la vie, le mouvement et l'être » (Actes 17:28), elle nous montre qu’en dehors de la providence substantielle de Dieu, nous serions incapables de vivre, nous mouvoir ou exister. Tout pouvoir que nous avons est secondaire. Son ultime efficacité dépend toujours de Dieu. Cependant, il est bien réel. La prière est un des moyens que Dieu utilise pour parvenir aux buts qu’il fixe. Ce qui signifie que Dieu ne fixe pas uniquement les buts mais il établit également les moyens qu’Il utilise pour parvenir à ces buts.


Dieu n’a pas besoin de nos prédications pour sauver Son peuple. Pourtant, il a choisi d’opérer par le biais de nos prédications. Il permet notre prédication humaine par Sa propre puissance. De la même manière, Il a choisi d’opérer au travers de nos prières. Il permet nos prières afin qu’après avoir prié, nous puissions faire un pas en arrière et le regarder libérer sa puissance, dans et au travers de nos prières.


Nous prions avec expectative et confiance, non pas en dépit de la souveraineté de Dieu, mais bien à cause de celle-ci. Quelle perte de temps et de salive serait-ce de prier un dieu qui n’est pas souverain.

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